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Le vivant dans la transition socioécologique :
De sa mise en débat à sa mise en recherche
Une lecture des sciences sociales de l’environnement
Rennes 20-22 juin 2018


« L’heure de la transition écologique » a sonné, et l’expression s’est déjà imposée dans les domaines de l’énergie et des politiques économiques. Outre de nombreux travaux académiques existants sur ces thèmes, force est de constater la part croissante qu’occupent les emplois associés aux éco-activités (CGDD, 20161) et la prise en charge de cette transition écologique en France, par les politiques publiques et des textes de loi (par exemple la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 18/08/15 portée par le Conseil National de la Transition Ecologique).
L’approche de ces dynamiques de transition ne doit pas être limitée à la thématique énergétique, ressourcielle et économique. Les changements sociaux et environnementaux qu’elles impliquent sont des phénomènes transversaux qui nécessitent de mobiliser une diversité d’outils méthodologiques pour en saisir toutes les composantes, normatives, symboliques ou cognitives, dans leurs dimensions collectives et individuelles : c’est donc l’ensemble des sciences sociales de l’environnement qui doit être mobilisé ici. La transition sociale et écologique est en effet « l’occasion de relancer la recherche d’une nouvelle articulation entre nature et culture et d’explorer les multiples phénomènes sociaux qui présagent de manière désordonnée et contradictoire de l’avenir de la société » (Audet, 2015 : 112).
Il existe différentes entrées pour aborder cette transition, la plus fréquente restant centrée sur la thématique énergétique. Ce colloque propose de décaler ce regard pour questionner les transformations du vivant non-humain, les nouvelles façons de catégoriser ce vivant et les pratiques qui leur sont associées, les transformations de l’espace public à travers la publicisation de ces nouvelles catégorisations et pratiques du vivant, ainsi que nos méthodes pour saisir ce vivant dans la transition socio-écologique. Plus généralement, nous contribuerons à l’analyse des dynamiques des transformations sociales contemporaines du vivant, en prolongeant les travaux sur le changement social et écologique, à partir d’une entrée relevant des SHS s’inscrivant dans des unités de recherche comme l’UMR Espaces et SOciétés (ESO) qui porte ce projet.

Trois axes de réflexions seront plus spécifiquement interrogés :
1. Les nouvelles catégorisations du vivant à l’heure de la transition socio écologique, les pratiques associées et, plus largement, l'évolution des relations aux vivants, par exemple à travers la controverse autour de l'animal d'élevage ou l’affectation de droits ou de valeurs aux animaux, végétaux ou aux entités naturelles, comme le statut d’Espèces Exotiques Envahissantes et à ses pratiques ou à la végétalisation des villes ;
2. Les transformations de l'espace public engendrées par la place donnée au vivant dans la transition écologique : la façon dont ces questions y sont inscrites, mises en forme, débattues et comment elles recomposent les sphères publique et privée à travers les émotions et les mobilisations collectives, par exemple ;
3. L’impact des travaux concernant le vivant et l’espace public sur les pratiques de recherche, les modalités d’analyse du changement social et environnemental ainsi que sur les rôles des chercheurs dans la société.


1. Les transformations du vivant
L’objectif de cet axe est de questionner la transition écologique sous l’angle d’une transformation de la relation au vivant. Jusqu’aux années 1960, la relation au vivant dans notre société occidentale et industrialisée était forgée, pour l’essentiel, dans des rapports sociaux découlant d’une activité productive où le vivant était connu à travers la dichotomie sauvage/domestique. Aujourd’hui, cette grille de lecture s’estompe progressivement (Micoud, 20103). Entre les controverses autour de l’animal d’élevage, de la chasse, de la réintroduction d’espèces protégées, de la multiplication de superprédateurs, des manipulations génétiques, cette catégorisation du vivant animal ou végétal devient floue et objet de tensions sociales. S’y ajoute, avec les notions de « zones critiques » ou l’hypothèse Gaïa (Latour, 20164), un changement dans la conception même de notre compréhension du vivant et de nos interdépendances avec lui.
Cet axe devra permettre de questionner les nouvelles formes de catégorisation du vivant et leurs pratiques associées, d’interroger les marqueurs et les significations des évolutions du statut du vivant, mais aussi la mise en tension de ces nouvelles catégorisations entre différents groupes sociaux . Pour cela, les contributions attendues porteront sur :
- Les dispositifs environnementaux (plan de gestion, programmes de restauration ou de lutte, etc.) à travers lesquels des statuts et des rôles sont affectés aux animaux et aux plantes renvoyant à de nouvelles formes de catégorisation du vivant,
- Les savoirs et connaissances mobilisées à travers ces nouvelles catégorisations et la façon dont ceux-ci s’articulent avec les catégorisations existantes, entre hybridation, appropriation et résistance, comment penser la diversité des relations au vivant alors que la globalisation des questions environnementales confronte aujourd’hui les multiples façons de concevoir cette relation ?
- Le rôle des engagements moraux ou sensibles portés en particulier par des militants et mobilisés dans la reconnaissance de nouveaux registres de catégorisation.


2. Les transformations de l’espace public
L’objectif de cet axe est de réfléchir au lien entre le vivant et l’espace public dans la transition écologique. Des travaux comme ceux conduits dans les années 1990 par P. Lascoumes5 ou M. Janicke6 ont montré le processus par lequel les questions environnementales étaient à l’origine d’une évolution des modalités de décision des politiques publiques, tendant vers une décision territorialisée, élargie et construisant de nouvelles interdépendances entre les acteurs comme avec les territoires. Dans le même temps, la société civile acquérait une légitimité à porter des revendications dans l’espace public, se traduisant, en particulier, par des mobilisations collectives devenues une forme acceptée d’expression de la citoyenneté renvoyant aux débats autour de l’émergence d’un nouveau modèle démocratique (Bacqué et Sintomer, 20117).
Dans cette perspective, les communications attendues montreront la contribution du vivant non-humain à cette transformation de l’espace public en se focalisant sur les processus de publicisation des enjeux relatifs à ce dernier. Elles interrogeront notamment les processus par lesquels des revendications ou des sensibilités environnementales passent de la sphère privée à la sphère publique et vice-versa. Nous attendons ainsi des contributions questionnant :
- Le processus d’ajustement progressif entre la circulation d’injonctions et de modèles d’action internationaux, européens ou nationaux sur le vivant émanant d’acteurs publics et leur appropriation, y compris avec une certaine forme de résistance, par la société civile,
- Le rôle des émotions, des sensibilités ou d’outils spécifiques, comme les technologies numériques, dans les mobilisations collectives et, plus particulièrement, leur rôle dans la construction collective de revendications ou de l’action publique concernant le vivant,
- Les transformations matérielles, cette fois, de l’espace public par l’arrivée du vivant non-humain à travers la végétalisation ou l’animalisation de la ville aussi bien du point de vue des actions collective, militante ou publique, que de celles des habitants.

3. Les transformations des pratiques de recherche
L’objectif de cet axe est de qualifier et d’interroger les effets de ces évolutions sur les dynamiques de la recherche dans les SHS et notamment en sociologie. La thématique environnementale et l’apparition de nouveaux domaines comme les transitions studies ou les humanités environnementales, qui questionnent le vivant, bouleversent les catégories disciplinaires instituées et les logiques internes des disciplines : cela questionne à la fois les dynamiques institutionnelles, cognitives et méthodologiques de construction et de légitimation des connaissances.
Nous aborderons les changements socio-écologiques, dans leur relation au vivant, à l’intérieur de ce processus de renouveau des pratiques scientifiques. Cela concerne l’activité des chercheurs, de plus en plus soumis à des impératifs d’interdisciplinarité et de sciences citoyennes, mais aussi leurs interactions avec les acteurs des changements sociaux et environnementaux qu’ils étudient. Cela concerne également la formalisation et l’entrecroisement de leurs résultats avec les connaissances produites par d’autres, individus ou organisations, tant dans un contexte de mise en commun des connaissances à l’échelle globale, que dans celui de multiplication d’initiatives locales.
Nous proposons d’interroger principalement les évolutions des pratiques de recherche autour des thématiques suivantes :
- L’apport des courants qui étudient le vivant comme les humanités environnementales ou les transitions studies et leurs effets sur les dynamiques de recherche, notamment concernant les nouvelles hiérarchisations des disciplines, les axes de recherche et les méthodologies dans les SHS de l’environnement,
- Les transformations des pratiques de recherches sur le vivant engendrées par l’importance croissante de certains thèmes fédérateurs en sciences sociales de l’environnement, dont l’interdisciplinarité, la complexité, l’incertitude ou l’innovation,
- Les nouvelles postures des chercheurs, tout à la fois en terme d’acculturation à la diversité et à la complexité des enjeux qu’ils étudient, ainsi qu’au niveau de leur implication dans les objets de recherche, s’inscrivant par exemple dans une logique de recherche impliquée (Jollivet, 20158).
- Les évolutions des démarches de recherche sur le vivant en lien avec la transition sociale et écologique, la généralisation de démarches participatives et les dynamiques de sciences citoyennes.

 

Organisation du colloque :

- Les propositions de communication ou de poster devront faire entre 8 000 et 10 000 signes, elles seront à envoyer uniquement à l’adresse email suivante : transvivant@sciencesconf.org

- Les communications se feront en français ou en anglais. Les communicants anglophones pourront envoyer aux organisateurs un support visuel (type diapositives) deux semaines avant le début du colloque pour qu’il soit traduit en français.

- Le colloque aura lieu dans trois sites rennais : à l’Agrocampus Ouest et dans les Universités Rennes 1 et Rennes 2.

 

Composition du comité scientifique :

-         Ridha Abdmouleh, sociologue, Université de Sfax, Tunisie

-         Anne Atlan, écologue, CNRS, UMR 6590, ESO-Rennes

-         René Audet, sociologue, UQAM, Canada

-         Rémi Barbier, sociologue, ENGEES, Strasbourg

-         Guilherme C. Borges, psychosociologue, Fondation Oswaldo Cruz, Brésil

-         Philippe Boudes, sociologue, UMR 6590, ESO-Rennes, Agrocampus Ouest

-         Antoine Doré, sociologue, INRA, UMR 1248 Agir

-         Corinne Gendron, sociologue, UQAM, Canada

-         Nathalie Hervé-Fournereau, juriste, CNRS, UMR 6262 IODE, Rennes 1

-         Marie Jacqué, Sociologue, UMR 151 IRD-AMU, LPED

-         Fabienne Joliet, Géographe, Agrocampus Ouest, ESO-Angers

-         Sylvie Ollitrault, Politiste, CNRS, UMR 6051-ARENE, Rennes 1

-         Florence Rudolf, sociologue, INSA, Strasbourg, EA AMUP

-         Véronique Van Tilbeurgh, Sociologue, UMR 6590 ESO, Univ. Rennes 2

 

Calendrier

-   Retour des contributions le 31 décembre 2017 sous forme d’un texte numérique compris entre 8 000 et 10 000 signes (transvivant@sciencesconf.org)

-         Réponse aux contributeurs : 15 février 2018

-         Le colloque aura lieu à Rennes du 20 au 22 juin 2018

 

 

Site internet : http://transvivant.sciencesconf.org

 

 

 

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